Devils Rock

Devils Rock Teckel

Teckel

La consanguinité



 L'on assiste actuellement, et de plus en plus, à une nuée de critiques face à l'élevage des chiens de race. L'un des chevaux de bataille de ces extrémistes qui font feu de tout bois est la consanguinité, car ils peuvent de cette façon utiliser à leurs propres fins le tabou de l'inceste fortement ancré dans les populations humaines.  



Bien évidemment, aucune approche scientifique de la matière n'entre en ligne de compte pour ces "protecteurs des animaux" connus également sous l'appelation "eco-terroristes" aux USA et qui ne savent de toute évidence ni lire un pedigree, ni calculer un taux de consanguinité. leur leitmotiv est que les races sont toutes parties d'un nombre très restreint de géniteurs, cela est exact en partie mais toutes les espèces domestiques sont dans le même cas, de la poule au cheval.



 



Il est exact aussi que la consanguinité concentre les gènes délétères, et peut dans certains cas amener une lignée, une race, ou une espèce toute entière au bord de l'extinction. Cela semble actuellement être le cas du guépard, mais à côté de cet exemple il y en a des milliers d'autres où des populations saines se sont développées à partir d'un tout petit nombre d'individus. Cette réalité concernant des populations consanguines saines a malheureusement eu pour conséquence la destruction de nombreux ecosystèmes, qu'il s'agisse de chèvres dans les îles du pacifique, de dromadaires et d'ânes en Australie, ou moins dramatique : les ratons-laveurs, les perruches à collier et alexandre, ou encore les nandous en Allemagne



Il ne faut pas oublier que dans ces cas la sélection naturelle élimine sans pitié tout individu présentant la moindre faiblesse. De cette façon, seuls les individus les plus aptes et ayant conservé une certaine variabilité génétique leur permettant de s'adapter à des situations nouvelles survivent et se reproduisent. En élevage canin, certains se souviendront peut-être des teckels à poil long "von Crastamunte" qui en 6ème génération d'inceste présentaient une qualité et une homogénéité inégalables. Il ne faut certes pas perdre de vue que le déchet dans les lignées consanguines est elevé car bien entendu les gènes récessifs défavorables ont beaucoup plus de chance de se retrouver à l'état homozygote si les géniteurs sont apparentés. Mais par quel miracle si ce n'est par la consanguinité peut-on fixer les qualités morphologiques, comportementales, et également de santé d'un sujet exceptionnel ?



 



 



Il y a 40 ans les chiens de race étaient beaucoup plus consanguins que maintenant mais présentaient beaucoup moins de tares. Ceci n'est pas un paradoxe : les lignées basées sur la consanguinité étaient en fait de véritables ilôts génétiques, le nombre de chiots tarés était important, surtout dans les premières générations, mais par la suite, et grâce à une sélection raisonnée, des sujets très sains auquels on pouvait faire appel étaient disponibles. Avec la "mondialisation de l'élevage", les suites d'outcross, les tares génétiques restent cachées très longtemps mais peuvent rapidement poluer une race entière. Par exemple, pour le teckel nain à poil ras, le kennel club anglais a testé génétiquement 1604 sujets au niveau de la PRA CORD1, 47 % donc près de la moitié se sont révélés porteurs ce qui est énorme. Il ne faut donc pas non plus négliger l'effet "nettoyant" de la consanguinité qui très rapidement sépare le bon grain de l'ivraie.



Avant de diaboliser la consanguinité, il faudrait peut-être être plus critique dans la sélection des reproducteurs et ne pas confondre mauvaise sélection amenant à un hyper-type entrainant des problèmes de santé et une souffrance pour l'animal avec d'éventuelles suites négatives de la consanguinité. Elle n'est ni la panacée ni une "diablerie" et le vieil adage "sortir du sang pour donner la vigueur, revenir au sang pour donner le type" est toujours d'actualité.



 



Attention ! Pour qu'un sujet entre dans le calcul du taux de consanguinité, il ne suffit pas qu'il apparaisse plusieurs fois dans un pedigree, il faut avant tout qu'il se trouve des 2 côtés du pedigree. Même dans le cas où l'on croise 2 sujets ayant chacun un taux très important de 28 ou 30 par exemple, s'ils n'ont pas de lien de parenté entre eux, le taux de consanguinité des chiots sera 0. Dans ce cas le taux déterminé ne sera pas un taux de consanguinité mais le taux de réduction du nombre d'ancêtres potentiels, ce n'est pas du tout la même chose !